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dans le studio que dans la salle, dit Roberte.

Ce fut alors un feu roulant d’aperçus sur la discrétion de ces demoiselles à qui l’on pouvait confier un secret sans dommages. Sur leur désir de connaître un artiste qui leur révélerait les manœuvres de certaines scènes. Habilement, elles essayaient d’arracher quelques renseignements techniques, mais le silence seul répondait à leurs invités, Plus impénétrable que jamais, le peintre ne disait mot.

Parfois, interpellé directement, il donnait une réponse approximative.

Plus il se défendait de connaître Émile Gatolat, plus ces demoiselles devenaient agressives et se persuadaient qu’il cachait son titre.

Cécile, lasse de lancer des œillades, de faire de l’esprit, d’accumuler les allusions, dit brusquement :

— Vous êtes Émile Gatolat, n’est-ce pas ? Ne niez pas… toute protestation serait inutile. Je comprends que vous vouliez garder l’incognito d’ailleurs.

L’inconnu ne perdit nullement son sang-froid. Il répondit avec enjouement :

— Vous me faites bien de l’honneur.

Puis, trouvant sans doute que cette conversation excitait par trop l’imagination de ses compagnes, il essuya ses brosses et se prépara au départ.

Elles le regardaient, médusées, il les salua de sa manière gracieuse, en disant :

— Mesdemoiselles, ne rêvez pas trop cinéma… c’est une carrière peu faite pour des jeunes filles de votre genre.

Il disparut.

— Quel aveu ! s’exclama Cécile… mais ce Gatolat est irréductible. Il ne veut rien avouer hautement.