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nifeste. Elle ne reconnaissait plus Cécile, la nonchalante. La jeune fille se convertissait en une femme qui cherchait à atteindre son but et qui employait tous les moyens à sa portée.

Roberte se trouvait soudain toute râpe tissée et elle se demandait ce qu’elle faisait entre ces deux championnes, parce que Louise, soudain galvanisée, commençait à rivaliser de témérité avec Cécile.

Elle disait :

— Je ne serais pas surprise que vous réussissiez ; mais la carrière est, dit-on, fort difficile et périlleuse.

— On n’obtient rien sans peine, prononça doctoralement Cécile.

— Quels sont vos artistes préférés ? demanda Louise, qui tendait ainsi, sans y songer, la perche à son amie.

— Oh ! il en est un pour moi qui dépasse en art tout ce que l’on peut imaginer.

— J’ai deviné, s’écria Louise… je reconnais aussi mon héros… c’est Émile Gatolat !

Louise reprenait l’avantage.

Six yeux brillants convergèrent vers le peintre.

Écoutait-il ? N’écoutait-il pas ? Rien ne le décelait dans son visage.

— C’est bien lui, souffla Cécile à l’oreille de Louise, son silence est un aveu.

— Je crois vraiment que c’est lui, murmura Roberte avec respect.

Cécile essaya un grand coup.

— Quel est l’artiste de votre choix, monsieur ?

— Je vais peu au cinéma, mademoiselle.

— Il se récuse… donc c’est lui, répéta Cécile en sourdine. Il a peur que nous dévoilions sa personnalité.

— Naturellement, il est davantage