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qui les tint un moment silencieuses et hésitantes derrière la porte.

Enfin, Cécile s’avança timidement, et, d’une voix mélodieuse, elle prononça :

— Bonjour, monsieur.

Ses paroles imitaient le ton employé au théâtre. Le jeune artiste répondit avec aisance et ne parut pas s’apercevoir de la nouvelle attitude de ses partenaires.

Elles s’installèrent avec ostentation. Elles affectèrent de ne plus être des provinciales à l’esprit étroit, mais des jeunes filles dans le mouvement moderne.

Cécile s’écria avec feu :

— Le cinéma est ma passion. Chaque fois que nous pouvons y aller, je ne manque pas d’y entraîner mon père, ma mère se fatiguant de l’écran.

Louise répliqua avec la même flamme :

— Quelle belle vie que celle des artistes ! Ah ! si j’étais photogénique, il y a longtemps que j’aurais « fait du cinéma ».

— Comment ! vous ne savez pas si vous êtes photogénique ? s’exclama Cécile.

— Non… pas du tout.

— Oh ! moi… j’ai cherché tout de suite à être renseignée. C’est un moyen de gagner sa vie, et il faut tout prévoir.

— Vous avez raison.

— Je sais donc parfaitement que je puis devenir une star, non de première grandeur, mais une bonne moyenne. Et il se pourrait qu’avec un partenaire bien doué, je grandisse aussi bien qu’une autre.

« Quel toupet ! » pensait Roberte.

« Quelle audace ! » songeait Louise.

La colère de cette dernière était ma-