Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments. Sa tante surprenait parfois ces rêveries, ces silences, ces airs soudain sérieux, et elle se persuada que, décidément, Armelle avait besoin d’amies.

Avec un serrement de cœur, à la pensée de « déroger » elle fit un dernière enquête discrète sur Mlles  Darleul, Célert et Roudaine, et il n’y eut qu’un cri pour déclarer qu’elles étaient, toutes trois, des jeunes filles inattaquables.

Alors, dans une espèce d’hallucination, Mlle  de Saint-Armel envoya trois invitations.

Louise Darleul avait bien spécifié qu’elle ne retournerait pas au musée, mais son intention était d’en éloigner ses compagnes. Elle avait calculé que n’y allant pas, ni Roberte, ni Cécile ne s’y risqueraient sans elle.

Consciente de conduire l’aventure, elle était convaincue que ses amies s’abstiendraient.

Elle sortit donc de sa maison et entra sous la porte du musée. Elle comptait sur sa vivacité, sur son audacieuse espièglerie pour amener l’inconnu à dévoiler son identité dans ce tête à tête.

Il était là quand elle franchit le seuil de la salle. Il leva les yeux, et ses sourcils eurent une contraction en la voyant seule. Mais il ne dit rien. Elle s’installa posément, puis parla :

— La retouche que vous m’avez faite hier m’en impose tellement, que je ne sais si Je dois encore travailler à mon esquisse.

Il rit gaiment en répondant :

— C’est une affaire d’appréciation de votre part.

Un silence régna, puis Louise reprit :

— Mes amies n’ont pu venir.

— Ah !