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gulières, il repartait très exactement à seize heures.

Louise Darleul étant fille du Conservateur des hypothèques, savait que les petits fonctionnaires ne se permettent pas ces libertés. Elle en conclut que l’inconnu était libre de son temps et qu’il venait peindre. Or, Louise n’appréciait pas beaucoup la peinture, mais elle s’y intéressa à partir de ce moment.

La curiosité qui l’avait envahie se serait peut-être éteinte tout naturellement, si ses amies Roberte Célert et Cécile Roudaine ne lui avaient pas parlé du jeune homme. Si elles ne l’avaient pas vu entrer au musée, elles connaissaient ses flâneries dans la ville et il s’était imposé par son allure distinguée.

Les hommes de son genre se comptaient et on ne pouvait que le remarquer.

Jacques Darleul, qui passait pour un élégant, et qui se croyait irrésistible, accusait piètre figure quand on le comparait.

Les jeunes filles s’étalent communiquées leurs impressions et Louise s’avouait fière d’en savoir plus long que les autres.

— Mes petites, avait-elle déclaré, je le connais parfaitement, au moins de vue, et il est charmant. Son air doux est séduisant… ses yeux sont ensorceleurs. Qui peut-il être ? Cruelle énigme.

— Ne pouviez-vous le faire suivre par Jacques ?

— Un frère, mes toutes belles, vous le savez, surtout quand il est votre aîné, a vite fait de se moquer de vous… et je tiens à mon prestige. Jacques est bon frère, mais à condition que je l’aie en main. Si je donnais prise à ses rail-