Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Alors, pourquoi vous a-t-il causé cette peine ?

— Le cœur des hommes est un mystère, soupirait la pauvre tante.

— Je ne puis comprendre qu’on ne tienne pas sa parole ! s’écriait Armelle, dont le sentiment de l’honneur s’augmentait de cette circonstance.

— Je suis bien de ton avis, ma toute belle, mais les hommes n’ont pas de ces délicatesses. Que leur importe qu’une pauvre femme souffre ! Ils broient des cœurs sans s’en soucier.

— C’est terrible, ma tante !

— Mais oui, mon enfant.

— Il était cependant bien né ! murmura Armelle. qui ne parvenait pas à s’assimiler ce non-sens.

— Je crois bien ! sans quoi l’aurais-je accepté ? répondit avec dignité Mlle  de Saint-Armel aînée.

Armelle se tut. Tout lui paraissait énigmatique et plein d’embûches. Elle vivait dans une crainte perpétuelle des événements.

— Ma tante, demandait-elle encore, sollicitera-t-on ma main ?

— Je n’en sais rien, ma fée. mais, dans tous les cas. souviens-toi de ce que je t’ai dit ; tous les hommes sont fourbes et menteurs.

Armelle soupirait.

— Mais, reprenait-elle, pourquoi, dans les livres, une jeune fille trouve-t-elle si aimable, si doux, un jeune homme qu’elle ne connaissait pas et qui vient lui assurer qu’il l’aime ?

— Ce sont des romans ! s’exclamait Mlle  de Saint-Armel, donc des fantaisies. La réalité est tout autre.

— Que tout cela est donc bizarre ! murmurait pensivement la jeune Armelle.

Après un instant de silence, la jeune fille reprenait :