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— Je sais qu’elle me va, mais le mot « divinement » me blesse comme un sacrilège.

Mlle  de Saint-Armel avait grand air, on ne pouvait le mer. Une majesté accompagnait tous ses gestes et son port de tête était inimitable.

Armelle se couvrait de sa sortie de bal, prenait son éventail, donnant un dernier ordre à sa femme de chambre.

Sa tante la contemplait droite, grande, avec un visage qui paraissait pétrifié.

M.  de Saint-Armel entra :

— Vous êtes prêtes ?

La femme de chambre se retira.

Le marquis s’écria :

— Tu es délicieuse, ma petite fille.

— Que vous êtes bon, cher oncle… c’est a vous que je le dois…

Mlle  de Saint-Armel ne bougeait pas.

— Ma sœur, il serait temps que nous partions…

Elle ne répondit pas.

Un miracle se produisit.

Mlle  de Saint-Armel eut les traits bouleversés. Elle tendit les bras vers Armelle et balbutia :

— On ! que tu ressembles à ta mère, ma chérie… je la revois dans sa toilette de bal. Elle était gaie comme tu l’es, elle était fine et charmante… Je me sens pleine de remords de t’avoir fait une vie si austère… Je m’en repens… La vie est si tragique et comporte tant de mauvaises surprises qu’il faut se soutenir et s’aimer dans la douceur. Mon petit, pardonne-moi… J’ai été orgueilleuse et vaine, mais je sens que j’ai eu tort Heureusement, ton oncle était là, plus compréhensif que moi… Et, si… si… tu aimes ce peintre, épouse-le, Armelle…