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La jeune fille rit et dit :

— N’est-ce pas que l’on me reconnaît à peine ?

— N’es-tu pas trop décolletée ?

— Oh ! ma tante, je ne puis guère l’être moins.

— Et tes bras ?

— Mes bras… mais je crois que même dans le jour, des jeunes filles ont les bras nus… On m’a même dit que sur certaines plages, les jambes étaient nues aussi.

— Les jambes ! mais c’est abominable !

— Il y a des personnes qui sont choquées.

— Et tu dis cela joyeusement ! Ah ! ma petite fille, quel chemin le démon a-t-il déjà fait dans ton âme…

— Mais, ma tante… vous ne voudriez pas que je pleure ce soir. Je ne puis avoir les yeux rouges au bal…

— Que tu deviens coquette !

— C’est de mon âge, m’a soutenu mon oncle.

— Je trouve que mon frère prend un bien mauvais esprit. Nous irons communier demain matin.

— En sortant du bal !

— Nous sortirons du bal à minuit moins un quart, ma nièce. Tu iras dormir et nous nous lèverons à sept heures, pour la messe.

— À minuit, comme Cendrillon ! mais je compte encore danser à cette heure-là !

— Armelle ! s’écria Mlle de Saint-Armel avec reproche… ne perds pas en une nuit toute l’éducation, la réserve, la modestie que je t’ai inculquées.

La pauvre Armelle se tut. Puis, elle murmura :

— Je ne vous ai pas complimentée sur votre toilette… Elle vous va divinement.