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Mlle  de Saint-Armel ne lui aurait pas causé plus d’émoi.

Le marquis riait finement de sa plaisanterie.

— Je n’irai pas ! cria Mlle  de Saint-Armel.

— Ma sœur, aujourd’hui, j’exige. Vous conduirez notre nièce au bal et je vous accompagnerai.

La stupéfaction rendait Mlle  de Saint-Armel hagarde. Ses yeux s’ouvraient démesurément.

— Vous n’allez pas, à mon âge, m’imposer une pareille humiliation.

— Vous vous trouverez en excellente compagnie, nos relations personnelles seront présentes et ensuite, vous vous rencontrerez avec des femmes de fonctionnaires que vous serez heureuse d’approcher. Je vous prie, ma sœur, de faire ce que je vous demande.

Armelle assistait plus morte que vive à cette scène extraordinaire. Elle admirait son oncle qui savait commander avec tant de fermeté. Elle avait un peu peur de lui, maintenant, mais elle faillit rire quand elle entendit sa tante gémir :

— Êtes-vous donc un homme comme les autres… c’est-à-dire un tyran ?

— Oui, ma sœur, je suis un tyran, parce que je veux que notre nièce aille danser un peu. Suis-je un tyran. Armelle ?

— Oh ! non, mon oncle, riposta Armelle avec feu.

— Quel démon vous possède tous les deux ! s’écria Mlle  de Saint-Armel aînée, vous me confondez, mon frère !

Cette phrase fut perdue, parce qu’Armelle dama, soudain affolée :

— Je n’ai pas de robe !

—Pas de robe ! éclata sa tante. Vous pensez déjà à votre robe !