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parce qu’un domestique vint avertir Mademoiselle qu’on l’attendait au salon.

C’était Gontran Solvit. Il était souriant. Sans doute ne se souvenait-il plus de la scène de la veille, Armelle n’en pouvait croire ses yeux.

— C’est vous ! murmura-t-elle.

— Mais oui, chère Armelle.

— Je ne suis plus votre chère Armelle.

Il semblait à la jeune fille que c’était un revenant qui lui parlait. Il était debout devant elle, avec son sourire tendre, ses yeux profonds. Il la contemplait comme s’il était innocent. Son attitude était celle d’un vainqueur. Armelle cria :

— On vous a rencontré avec une jeune fille qui est sans doute votre fiancée… et vous disiez m’aimer !

Gontran Solvit restait sans se justifier. Il avait sur les lèvres le même sourire, avec, dans le regard, un attendrissement et une joie nouvelle.

Le marquis guettait les impressions de son visage. Lui, non plus, ne paraissait pas ému, ni atteint par les circonstances.

— Armelle, murmura Gontran, seriez-vous jalouse ?

La jeune fille resta interdite. Elle passa la main sur son front, eut honte de son emportement et voulant l’effacer, elle répondit avec assez de hauteur.

— Pas du tout.

Le marquis eut un rire.

— Pourquoi riez-vous, mon oncle ! demanda Armelle, le feu aux joues.

— Parce que ma petite Armelle est naïve comme un agneau…

Gontran n’avait plus son sourire, parce qu'il ne voulait pas avoir l’air