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reçut sur le seuil. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Armelle le vit et frissonna. Sa tante croyait toujours à la comédie.

Le marquis eut un imperceptible mouvement d’humeur, ce qui n’était pas dans sa façon coutumière.

Il dit :

— Ma sœur… je vous annonce une nouvelle charmante : notre Armelle vient de donner son cœur.

— Je trouve cette phrase un peu choquante, mon frère. C’est un manque de correction. De mon temps, on se contentait de faire entendre que l’on acceptait un fiancé. Armelle, je te complimente, monsieur, je vous félicite… vous entrerez, si Dieu le permet, dans une grande et agréable famille.

— Je sais tout le prix de ma victoire. mademoiselle, et je vous remercie de bien vouloir me compter parmi les vôtres.

M.  Gontran Solvit ne prononçait nullement ces mots, avec l’humilité qu’on aurait pu attendre de lui, et Mlle  de Saint-Armel nota cette dissonance. Son sens des nuances fut désagréablement touché.

Gontran Solvit reprit :

— Je sais surtout un gré infini à Mlle  Armelle de m’accepter, moi, si simple artiste, si loin de tout prestige. Je suis rempli de foi en l’avenir et mon art est la seule gloire à laquelle j’attache du prix.

— Oui… c’est ce que vous avez de mieux a dire, riposta Mlle  de Saint-Armel avec une nonchalance affectée.

Le marquis rougissait de voir sa sœur aussi dédaigneuse.

Gontran Solvit ne semblait pas s’apercevoir de tout ce dédain. La présence d’Armelle le transportait au--