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— Pourquoi est-ce grave, mon oncle ?

— Mon Dieu, ma chère petite aile, quand on est heureuse de retrouver un jeune homme, c’est qu’on l’aime… et quand on aime un jeune homme, c’est qu’on voudrait l’épouser.

— Alors… mon oncle ?

— Tu voudrais épouser ce peintre ?

— Pourquoi pas ?

Armelle s’était redressée. Fière de sa tendresse, elle l’avouait avec orgueil

— Sais-tu que je te trouve courageuse, ma petite fille ?

— Oh ! mon oncle !

— Attends ! ce jeune homme est un artiste, monde décrié dans nos milieux, il n’a pas de particule, crime difficilement admis.

— Mon oncle, ces détails sont indifférents, je ne crois pas qu’ils aident au bonheur.

— Que tu es grande, mon petit ! Il faut deviner qui l’on aimera. M.  Gontran Solvit m’a plu. C’est un homme délicat, je le jurerais. Puis, c’est un peintre reconnu, son talent est enviable. Servir son pays de quelque manière que ce soit, n’est-ce pas glorieux ?

— Je t’admire, ma chérie.

Le silence régna quelques minutes entre les deux promeneurs.

Puis, M.  de Saint-Armel reprit :

— Ta chère tante m’a fait, hier, une singulière confidence.

— Laquelle, mon oncle ? demanda vivement Armelle.

— Tu dois, parait-il, jouer la comédie de la tendresse, te fiancer avec Gontran Solvit, et ensuite le repousser avec tout le dédain que peut avoir une Saint-Armel descendue d’un Rollincourt.

Armelle se tint un bref moment silencieuse, comme un petit chat qui va