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fant tant à le respect de notre honneur, et elle fera comme elle l’a jugé !

— Bien, ma sœur.

Malgré cette discussion un peu vive, le marquis ne croyait pas à tant de noirceur. Vouloir se venger sur un innocent n’est pas d’une âme haute, et l’oncle, intelligent, voyait un autre caractère à sa nièce. La situation devait être plus compliquée.

Il fit un tour de jardin le lendemain avec elle. C’était l’heure calme où le soleil atténuait sa flamme. Les oiseaux murmuraient encore, mais subissant la mélancolie du Jour défunt, leurs cris étaient assourdis. Tout paraissait lointain. éteint. Seule, s’avançait rayonnante, dans les flèches solaires assagies. la blonde Armelle.

Elle souriait. Pourquoi ? Elle ne le savait pas. Elle s’égayait de tout, même de la nuit qui allait venir, de l’obscurité qui régnerait. Elle babillait, s’exclamait, regardait une fleur, la cueillait, la baisait et disait à son oncle :

— Voyez comme elle est belle, comme elle est fraiche.

Son oncle l’écoutait. heureux de cette animation.

Enfin, il dit :

— Ma petite Armelle, je ne sais si j’ai bien deviné… mais il m’a semblé que tu étais bien aise de revoir M.  Gontran Solvit.

La jeune fille rougit, puis, le cœur un peu oppressé, elle répondit :

— Oui, mon oncle. J’étais fort heureuse de le voir à la maison.

— Il t’est sympathique ?

— Beaucoup, mon oncle.

— Sais-tu que c’est grave ?

— Ah !

Armelle devint pâle et trembla. Son visage al joyeux se couvrit d’ombre.