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doute, les trois jeunes filles se seraient-elles précipitées vers lui avec des exclamations apitoyées.

Celle-ci restait froide, indifférente, presque hostile.

— Agal ! répéta-t-elle plus sourdement. Le chien rentra. Alors, elle recula lentement en regardant toujours l'inconnu de ses yeux violets. Une tristesse paraissait maintenant dominer l’expression enfantine qui la caractérisait. Elle eut un geste comme si elle eût voulu parler, mais elle ne demanda rien. Elle n’offrit pas son secours et n’eût pas une parole de pitié ou d’excuse. Pour toute marque de sympathie, elle referma la porte lentement entre le jeune homme et elle.

Le promeneur, pour la première fois de sa vie peut-être, fut décontenancé.

— Ah ! ça ! dit-il tout haut, ai-je rêvé ? Est-ce vraiment une délicieuse jeune fille qui m’est apparue, ou bien suis-je un petit garçon qui est en train de lire un conte de fées ?

Il se remit en marche. Il aurait voulu jeter un coup d’œil par-dessus ce mur rébarbatif, mais sa dignité le retint. Que lui importait l’habitante de ce parc enchanteur ?

Elle était sans cœur comme sans usages. La plus élémentaire éducation était de s’excuser d’une morsure faite par son chien.

« Et si je l’avais étranglé ce féroce animal aussi mal élevé que sa jolie maîtresse ! Cette jeune fille est belle, c’est entendu, mais quoique admirateur de la beauté, j’aime une beauté pitoyable. »

Il s’en alla dans un rire muet, sans se retourner. Par une coïncidence amusante, il avait lié connaissance, le même jour, avec quatre jeunes filles.