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refusé une charité à un déshérité de la fortune.

Sans une réplique, l’homme s’assit à côté du peintre, prit une loupe dans sa poche et, silencieusement, examina avec attention la paume offerte.

— Ah ? monsieur, Je ne m’étais pas trompé… vous êtes un grand artiste… Cultivez-vous vos dons ? Je n’en sais rien… Vous avez pour vous l’intelligence. la bonté, la fortune, la gloire… Votre main est noble dans la belle acception du terme… Vous possédez des sentiments profonds… vous avez eu un grand deuil dans votre vie… deuil de parent proche… père ou mère…

— Père… murmura Gontran Solvit, j’ai perdu mon père que j’adorais…

Le jeune homme était ému au delà du possible. Il oubliait qu’un chiromancien inconnu lui parlait. Il constatait simplement qu’un épisode douloureux de sa vie lui était rappelé…

— Vous aimez une jeune fille avec ferveur…

La main trembla.

— Elle vous le rend, continua paisiblement le devin.

Les doigts se retirèrent brusquement. Gontran cria :

— Elle ne veut pas se marier !

Le chiromancien retint un sourire dans sa barbe grise et poursuivit, penche sur la main reprise, comme s’il n’avait rien entendu.

— Il y a quelques obstacles à cette union, mais ils seront aisément vaincus. Vos chances de bonheur sont certaines. et quand on parle de bonheur à un être jeune, on sous-entend : être aimé par la femme que l’on aime… Ayez donc de l’espoir…

À mesure que l’homme parlait, le visage de Gontran se rassérénait. Il