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nièce une profession qui est peut-être erronée… L’avenir seul peut nous démontrer le bien-fondé de votre affirmation…

— Qu’entends-je, monsieur mon frère ! vous douteriez de la parole d’Armelle, de la solidité de ses convictions ?

Le marquis fut dispensé de répondre.

La jeune fille, qui revenait, entendit ces mots. Elle était d’une pâleur de cire. Tout ce qu’elle avait promis a sa tante lui passait par la mémoire et elle estimait de sa loyauté, de ne pas faillir à sa promesse.

D’ailleurs, aussi correct et attirant que fut l’aspect de ce jeune homme, il n’était sans doute qu’un enjôleur comme les autres, prêt à négliger tout attachement sérieux.

Elle se maîtrisa et dit :

— La dernière phrase de ma tante est parvenue à mes oreilles. Non seulement le mariage ne m’attire pas, mais à part mon oncle. Je ne crois pas beaucoup aux qualités des hommes, et pour être malheureuse toute une vie en me mariant. Je préfère rester solitaire…

Gontran Solvit écouta cet arrêt avec une agitation visible Il lui semblait vivre des moments de cauchemar. Il lui paraissait bizarre que ces questions intimes fussent débattues. Il se trouvait dans la posture d’un soupirant évincé, alors qu’il n’avait pas posé sa candidature. Il s’en voulait de présenter l’aspect d’un éconduit et il tentait de rendre l’impassibilité à ses traits, tout en sachant n’y pouvoir parvenir.

Armelle voyait ce spectacle douloureux et un attendrissement l’affligeait.

Son oncle déplorait aussi toute la