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cas plus sérieux depuis qu’il pressentait qu’Armelle partageait ce sentiment.

— Les chiens sont des êtres insupportables… reprit Mlle  de Saint-Armel.

— Oh ! non, ma tante… Agal est une bien bonne bête… je cours le délivrer… il fera la connaissance de M.  Solvit… Il ne sera certainement plus méchant.

Elle s’en alla d’un pas dansant. Sa robe était rose, sa capeline ondulait sous la brise. Son corps gracieux émerveillait le peintre qui la regardait s’éloigner.

« Est-ce le peintre, est-ce l’homme qui l’admire ? » se demanda le cher oncle.

Quant à Mlle  de Saint-Armel, elle était furieuse de la contemplation de ce manant.

Elle lui dit brusquement :

— Vous avez une mère ?

— Mais oui, madame…

— Je ne suis pas madame, mais mademoiselle… j’aurais pu être chanoinesse, ayant sept quartiers de noblesse sans une mésalliance, mais c’était bien vain… Pour Armelle, il en sera différemment…

— Comment ! Mlle  de Saint-Armel ne se mariera pas ? s’écria non sans émotion le jeune artiste.

La main qui tenait la palette tremblait.

M.  de Saint-Armel pensa :

« Notre beau temps se gâte. »

Avec non moins d’énergie, Mlle  de Saint-Armel aînée assura :

— Elle ne se mariera pas ! vous savez sans doute mieux que moi que les hommes sont des enjôleurs, des traîtres. des suppôts de Satan, propres à rendre malheureuses les femmes qui tombent dans leurs filets…