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Mais elle se rassura promptement, sachant Armelle pleine de volonté malgré ses airs doux et candides.

Les chevaux trottaient. M.  de Saint-Armel ne put s’empêcher d’évaluer leur prix et ce qu’ils lui coûtaient d’avoine et de soins.

Il se promit d’établir une comparaison avec une automobile, d’autant plus que ses deux vieux serviteurs ne devaient leur allure fringante qu’à un supplément de provende. Bientôt, il faudrait les remplacer.

On arriva au parc, dont la porte, ouverte par les gardiens, offrait son allée impeccable.

Les de Saint-Armel descendirent.

Armelle fut tout de suite pleine de vivacité.

— On revit ! s’écria-t-elle.

Elle courut avec Agal. Puis, soudain une émotion l’empourpra. Peu-têtre allait-elle voir ce peintre plein de talent et il valait mieux avoir une attitude correcte et réservée comme une fille de bonne maison.

Elle revint près de son oncle et dit :

— Il serait prudent d’enfermer Agal durant quelques instants ?

— Ce serait très sage.

Elle attacha le lévrier et revint prés du marquis :

— Nous allons à la recherche de M.  Gontran Solvit ?

— Oui, mon enfant

— Attendez-moi, prononça sévèrement Mlle  de Saint-Armel.

À pas mesurés, le trio longeait quelques allées, quand, au détour de l’une d’elles, on distingua, au milieu d’une pelouse, devant un tulipier noueux un homme assis qui peignait.

Bleu qu’il fût de dos, Armelle sentit