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ÉPREUVES MATERNELLES

tin, Rose qui fut ravie de la revoir. Elle se hâta de lui apprendre que Mme Pradon la regrettait joliment et que si elle voulait revenir, elle serait la bienvenue. Mais Denise jugea qu’il valait mieux qu’elle restât là où elle se trouvait.

Un jour, dans sa cuisine, Denise en train d’éplucher des légumes, entendit une sorte de plainte.

Elle écouta plus attentivement. Son cœur sensible ne pouvait supporter la douleur, ni physique, ni morale, chez les autres.

Mais, malgré le soin qu’elle prêta pour entendre de nouveau ce gémissement, elle ne le perçut plus. Quand elle vit Vincente, elle lui demanda :

— Avez-vous entendu quelqu’un se plaindre tout à l’heure ? Je n’ai pu me rendre compte si c’était à l’étage au-dessus ou dans l’appartement même. Madame n’est pas souffrante ?

Vincente jeta un coup d’œil méfiant sur sa compagne, puis, après un moment de silence, elle répliqua :

— Ne vous inquiétez pas !

Denise fut assez surprise de cette riposte. Le ton de la servante lui parut ambigu, et malgré soi, une curiosité l’assaillit.

Cependant, l’incident ne se reproduisit pas et elle l’oublia.

Un après-midi, Vincente lui annonça :

— Ce soir, M. et Mme recevront un ménage de leurs amis. Il faut que le menu soit spécial parce que cette dame ne peut pas manger de tout. Vincente entra dans des explications pour la composition de ce dîner, puis elle acheva :

— Je serais contente que vers la fin du repas, vous m’aidiez un peu dans la salle à manger, parce que je serai occupée.

— Je ne demande pas mieux.

Denise soigna le repas. Quand le couvert fut dressé, Vincente vint dans la cuisine pour les derniers préparatifs et devant la bonne odeur des mets, elle lança :

— Je crois que M. et Mme Cassil seront contents.

— Cassil ? s’exclama Denise.

— Oui, vous les connaissez ?

Déjà, Denise se repentait de son exclamation. Si