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ÉPREUVES MATERNELLES

— Au revoir, Marie… je vais vous donner un certificat ?

— Si Madame veut bien.

Mme Pradon rédigea la formule en termes élogieux et Denise prit congé d’elle.

Rose, au départ, l’embrassa comme une sœur tendrement aimée, et l’isolée s’évada vers un autre destin.

Elle arriva chez Mme Dutoit. La vieille Vincente fort bien dépeinte par Rose, vint lui ouvrir.

— Vous êtes Marie Podel ?

— Oui, Vincente.

Les deux femmes se sourirent. Vincente reprit :

— Je sens tout de suite que vous ne serez pas gênante et que je m’accorderai avec vous.

— Je le souhaite bien, répliqua Denise, parce qu’on a besoin de tranquillité dans la vie.

— À qui le dites-vous ! soupira Vincente.

Elle fit entrer Denise avec son petit bagage et alla chercher Mme Dutoit.

Cette dernière était une femme froide d’aspect. Elle examina Denise sans une parole, puis regarda fixement Vincente. Celle-ci eut un battement des paupières et Mme Dutoit conclut alors :

— Au premier abord, vous me convenez… veuillez me montrer votre certificat.

Elle le lut et parut satisfaite. Elle le rendit à Denise en prononçant :

— Vincente m’a avertie que les enfants de Mme Pradon étaient insupportables, et que c’est pour cette cause que vous avez quitté cet intérieur… vous aimez la paix.

— Oui, Madame, répondit Denise.

Vincente donna quelques indications à la nouvelle venue, puis la laissa dans sa cuisine où Denise songea au menu qu’on lui avait demandé pour le dîner.

Au bout de trois jours, elle fut au courant des habitudes du logis. Mme Dutoit était froide, Vincente, affable. Quant à M. Dutoit, il ne lui adressait jamais la parole.

Denise ne pénétrait pas dans les pièces de l’appartement. La cuisine, l’office et la salle à manger étaient les seules où elle avait accès.

Cantonnée dans son refuge, elle soignait ses menus et allait aux provisions. Elle rencontra un ma-