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ÉPREUVES MATERNELLES

je rêve… Dites-moi où ils sont. Rita a besoin de moi, elle est trop petite. Il n’y a que moi qui pouvais, tous les matins, lui faire absorber un médicament nécessaire.

— Rien ne sera négligé. Ne vous croyez pas indispensable… Supposez que vous disparaissiez aujourd’hui, le monde et vos enfants seraient obligés de se passer de vous !

Denise regarda son mari. Une telle férocité l’épouvantait. Elle ne parvenait plus à rassembler ses pensées pour en trouver une qui le toucherait.

Soudain, une idée traversa son cerveau et elle s’écria :

— J’espère que mes enfants ne sont pas sous la garde de Mme Zode ?

Il y eut un silence.

— Répondez-moi… Paul !

— Ma cousine Zode, répliqua lentement Paul Domanet, ne pourra plus rendre service à personne… elle a été prise d’une congestion cette nuit. Elle est entièrement paralysée et je l’ai fait conduire dans une maison de santé ce matin.

Denise s’effara. Mme Zode habitait le second étage de l’hôtel et ce que disait Domanet pouvait être vraisemblable.

C’était exact. Exaspérée de fureur, la cousine Zode avait senti durant la nuit la griffe de la justice immanente. Elle avait été arrêtée net dans son travail sournois et nuisible.

Paul Domanet avait subi quelques secondes d’émotion, mais en lutteur, il avait rejeté toute faiblesse. Maintenant que sa cousine ne pouvait plus surveiller sa femme, il aviserait un autre moyen, d’où une décision rapide.

Reprenant sa maîtrise de soi, il avait ordonné qu’on ne prévînt pas sa femme et le transport de Mme Zode avait eu lieu à la première heure.

Il ne voulait pas s’appesantir sur cette punition due à l’intervention divine. Il la chassait de son esprit, poursuivant le but qu’il s’était tracé : asservir Denise.

La jeune femme restait interdite devant cette nouvelle. Elle ne songeait pas à la croire inexacte le ton de Paul ayant été expressif.

Une prière instinctive monta à ses lèvres. Elle