Page:Fiel - Épreuves maternelles, 1930.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
ÉPREUVES MATERNELLES

elle patienta encore un peu. Elle somnola, mélangeant le rêve à la réalité, réfléchissant à la solution bizarre qu’avait trouvée son mari.

Ses enfants dormaient encore sans doute, parce qu’elle ne les entendait pas.

Elle médita sur sa solitude morale et sa pensée alla vers son frère. Elle se rappela ses paroles hautes et salutaires et dans une prière ardente, elle confia son destin à Dieu. Dans son cas, il fallait qu’elle se contentât de la beauté sévère du devoir accompli.

Quand Denise eut laissé glisser encore un peu de temps, elle sonna sa domestique.

Personne ne répondit à son appel.

Elle, qui n’aimait pas sévir et traitait ses serviteurs avec politesse et bonté, se proposa cependant d’adresser quelques observations à cette paresseuse. Ce qui la surprenait également, c’était de ne percevoir aucun bruit dans l’aile où ses enfants habitaient.

La demeure était extraordinairement silencieuse. Denise en conçut soudain une épouvante. Elle recommença d’appeler, mais ce second essai resta de nouveau sans succès.

Elle se leva. Une sueur froide glaçait ses tempes. Si cependant son mari avait dit vrai ? S’il la privait de toute aide et de tout confort ?

Que deviendrait-elle en face de ce bourreau ? Elle eut beaucoup de mal à se vêtir ; ses mains tremblaient et ses yeux se brouillaient.

Sitôt qu’elle fut habillée, elle courut vers la chambre de ses chers petits. Avant d’ouvrir cette porte où tant de silence régnait, elle s’immobilisa, le cœur oppressé, la gorge sèche.

Elle entra… Personne. Les lits défaits, la pièce en désordre, des vêtements sur les sièges, témoignaient d’une certaine hâte.

Elle poussa un cri strident. La menace de son mari n’était pas vaine. Il lui avait enlevé son bien unique, la chair de sa chair.

Elle, appela, se sentant prise de folie. Richard ! Rita ! mais nulle voix ne répondit à la sienne.

Comme une insensée, elle parcourut les vastes pièces et n’y rencontra nul domestique. Tout était vide et la poussière de la veille voilait les meubles. Elle