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ÉPREUVES MATERNELLES

que Mme Cassil appelait par son prénom. Vous sentez tout le côté ennuyeux de la situation ? Aussi, Marie Podel a-t-elle préféré tout, laisser en plan, c’était beaucoup moins compliqué que de rester.

Vincente écoutait bouche bée ces explications données avec enthousiasme par la jeune Rose enchantée.

Elle hochait la tête d’un air approbateur en murmurant :

— Je comprends… je comprends…

Quant à M.  et Mme Rougeard, ils devinrent ainsi que le docteur Pamadol et sa femme des familiers de la maison.

Adouci dans l’ensemble, Paul Domanet était méconnaissable. La vie l’avait touché, la mort l’avait frôlé et son caractère subissait l’empreinte des cruelles expériences.

Il eut encore des mouvements de colère, des éclats brusques, mais il s’efforçait de les racheter et ne s’entêtait plus dans ses idées dominatrices.

Le jour où il se leva, il exigea de Denise qu’elle lui racontât le détail des jours qu’elle avait vécus. Elle y répugnait, craignant de blesser son amour-propre, mais il insista. Le front dans sa main, il écouta Denise qui égrenait les heures poignantes de sa lutte pour vivre.

Quand elle eut terminé ce récit, elle entendit Paul qui murmurait : Pourrai-je me pardonner ?

Le lendemain du jour où Domanet s’était levé pour la première fois, arriva le missionnaire.

Denise le reçut avec émotion :

— Mon frère si cher.

— Tu vois, petite sœur que le Ciel nous a exaucés. Nous nous voyons librement et cela double le prix de notre réunion. Notre conscience est tranquille et c’est là l’essentiel de la vie.

— Je n’ai pas de mots pour exprimer mon bonheur, murmura Denise.

Puis en hésitant, elle dit.

— Cependant ce bonheur n’est pas complet…

— Qu’y manque-t-il encore ?

— Paul ne me semble pas avoir changé au point de vue religieux. Il ne m’interdit plus, comme autrefois, d’aller à la messe en semaine, mais je doute qu’il m’accompagne à celle du dimanche.