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ÉPREUVES MATERNELLES

— Mon frère est reparti.

— Vous l’avez revu ?

— Non… il a dû repartir presque tout de suite, me conseillant de ne plus le revoir puisque cela vous déplaisait.

— Je sais.

Paul Domanet garda le silence, puis au bout de quelques instants, il reprit :

— Votre frère vous a dit qu’il repartait, mais en réalité, son séjour s’est prolongé à Paris.

Denise ouvrait de grands yeux et faillit s’exclamer d’étonnement, tandis que son mari continuait.

— Il a eu une rechute d’épuisement, ayant compté davantage sur sa volonté que sur ses forces. À la veille de son départ, il a dû s’aliter.

— Je n’ai rien su ! s’écria Denise.

Paul, avec sa brusquerie retrouvée, dit :

— Savait-on où vous prendre ? Je vous ai cherchée moi-même vainement.

Ce fut là la punition de Denise pour avoir quitté son foyer, dans sa fierté indignée. Elle inclina le front.

— Votre frère va bien… poursuivit Paul.

— Dieu soit loué !

La jeune femme ne pensait même pas à s’étonner des détails que lui donnait son mari. Quand elle s’en avisa soudain, elle comprit qu’il n’avait pas cessé de s’occuper d’elle. Une douceur la pénétra.

Il continua :

— Votre frère n’est pas parti. C’est seulement la semaine prochaine qu’il se propose de quitter la France. Si donc vous voulez lui demander de passer quelques jours ici, je vous en donne toutes les facilités. Donnez-moi un calendrier, je pense ne pas me tromper. J’espère pouvoir me lever pour vous aider à le recevoir.

Denise ne savait pas si elle rêvait. Une telle joie l’inondait qu’elle ne pensait même pas à remercier son mari.

Il comprit sa surprise et il dit :

— La vie se charge de vous transformer en vous donnant quelques leçons.

Denise n’osait dire un mot. Elle était confuse de cet aveu venant d’un homme aussi despote.

— Savez-vous, poursuivit-il, en abordant un au-