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ÉPREUVES MATERNELLES

un peu ankylosé, mais avec une rééducation rationnelle, vous pourrez vous en servir.

Paul Domanet ne répondit rien à ce sujet.

Il répéta :

— Que ma femme amène mes enfants.

Denise disparut silencieusement, le cœur en tumulte. Qu’allait-il advenir de cette entrevue ? Que pouvait-on déduire de l’attitude de Paul ?

Cette immobilité brusque le portait-elle à réfléchir et s’amenderait-il dans l’avenir ?

Elle courut jusqu’à la chambre des enfants et leur dit :

— Venez vite, votre papa veut vous voir.

— Il n’est donc plus malade ? s’écria Richard.

— Quel bonheur ! on va voir papa ! cria Rita, toujours papa m’achète de belles poupées.

Denise les prit par la main, et l’âme agitée par des sentiments multiples, elle les conduisit vers leur père.

Paul Domanet les vit s’avancer vers lui et il sembla que son visage eût une expression d’attendrissement.

Le docteur ne s’était pas éloigné. Il avait jugé qu’il valait mieux qu’il demeurât, quitte à passer pour un homme sans tact. Mais, du parti de Denise, il pensait que ce serait plus agréable à la jeune femme de le savoir là.

Richard s’écria :

— Tu n’es plus malade, papa ?

— Non, petit Richard, je vais me lever bientôt.

Puis, après avoir embrassé Rita, il adressa la parole à Denise :

— Je vous sais gré d’être venue… j’espère que votre santé vous permettra de ne plus nous quitter. Les enfants ont été réellement malheureux sans vous.

Denise écoutait ces paroles, ne sachant pas si elles étaient pensées sincèrement ou si elles étaient dites pour la personne tierce qui se trouvait là. Elle répondit comme si elles étaient l’expression de la vérité.

— Je souhaite aussi ne plus jamais quitter mon foyer.

Les premières paroles étaient échangées.

Le docteur partit, Denise, encore angoissée, resta