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La nouvelle la plus terrible n’eût pu anéantir davantage la malheureuse Denise.

Des sentiments multiples se mélangeaient dans son cœur. D’abord, elle était désolée de savoir son frère fatigué, bien qu’il lui assurât que sa santé n’était pas compromise. Ensuite, elle était heureuse de le revoir, depuis huit ans qu’il avait quitté la France.

Mais comment annoncer cette visite et ce séjour à son mari ?… Lui permettrait-il de recevoir ce frère qui remplaçait pour elle toute la famille disparue ? Oserait-elle demander à Paul la faveur de le gâter et de l’inviter à prolonger le plus possible les heures qu’il pourrait leur consacrer ?

Il fallait avoir du courage et dès le soir même elle dit :

— J’ai reçu une lettre de mon frère…

— Ah ! répondit froidement Paul.

Denise ne se découragea pas et reprit :

— Il m’annonce cette intention de passer quarante-huit heures ici… pour…

— Jamais !… cria Domanet.

— … pour faire votre connaissance et celle de ses neveux… acheva Denise pâle de douleur.

— Je ne veux pas que ce prêtre entre chez moi… dit brutalement Paul… C’est contraire à mes principes de recevoir un religieux… et ce serait nuire à mon avenir.

— Pourtant c’est mon frère… je ne l’ai pas vu depuis des années… supplia Denise fermement… je ne puis lui faire l’injure de lui condamner notre porte… Ce serait le navrer et lui montrer combien je suis peu libre.

— Peu m’importe ce qu’il pense !… Je vous ai signifié ma volonté et je désire que vous vous y conformiez…

— Je verrai cependant mon frère… déclara Denise d’une voix assurée.

— Pas sans ma permission toutefois… trancha Paul.

— Je ne vous la demanderai pas !… s’écria Denise exaspérée par sa douleur et blessée par ce despotisme outrageant.

— Osez-le !… et vous verrez les conséquences de votre désobéissance… riposta Paul. Je suis une ligne