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ÉPREUVES MATERNELLES

Mme Dutoit donnait. C’est curieux… mais je ne suis pas plus renseignée. Dans tous les cas, je suis certaine qu’elle a agi dans une bonne intention.

Cette défense d’une humble fille était toute à la louange de Marie Podel.

Mme Rougeard dit encore :

— Elle ne vous a jamais rien raconté sur elle-même ?

— Jamais… J’ai compris qu’elle avait eu des malheurs et c’est tout.

— Je vois que je n’en saurai pas plus long. Je vous remercie bien, Rose.

La jeune fille sortit de la pièce.

Mme Rougeard poursuivit la conversation avec Mme Pradon :

— Cette Marie Podel, décidément, garde son auréole mystérieuse. Il faut se contenter de ce qu’elle veut bien nous laisser deviner.

— Je le crois.

Mme Rougeard prit congé de Mme Pradon et s’achemina d’abord chez Mme Dutoit en se proposant de terminer par la boulangère. Elle se piquait d’apprendre du nouveau, bien qu’elle en désespérât. Cela devenait une gageure.

La porte lui fut ouverte par Vincente.

— Que désire Madame ?

— Je suis envoyée par Rose pour vous parler de Marie Podel.

— Ah ! entrez donc, Madame. Elle va bien Marie Podel ? n’est-ce pas qu’elle est agréable ? Elle est placée chez vous ? J’aurais plutôt cru qu’elle ne se placerait plus, c’est si peu son genre.

Mme Rougeard était interdite, autant par le flux des paroles que par ce qu’elles signifiaient. Ainsi, cette servante avait su voir que Marie Podel était une nature supérieure aux gens simples, parmi lesquels elle évoluait.

L’excellente dame fut frappée par cette constatation.

Vincente continua :

— Je la regrette beaucoup, mais elle est partie sans qu’on puisse la retenir. A-t-elle eu peur de monsieur le père de Madame qui est malade ? je n’en sais rien. Dans tous les cas, nous avions du monde à dîner, et elle a filé sans crier gare. Cela m’a paru