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ÉPREUVES MATERNELLES

et j’ai craint un danger pour mes enfants. Je ne vivais plus… alors, je l’ai renvoyée. Elle est partie sans une protestation.

Madame Rougeard sentait l’épouvante la gagner. Il lui revint que Marie avait un bébé. Qu’avait fait la malheureuse de cet enfant qu’elle n’allait plus jamais voir ?

Cependant par pitié pour Mme Pradon dont elle ne voulait pas exciter l’alarme maternelle, elle se tut et demanda :

— Vous savez d’où vient cette Marie ?

— C’est la boulangère du coin qui me l’a adressée, et je sais simplement que Rose, ma femme de chambre m’en dit toujours le plus grand bien au point que je regrette presque de l’avoir renvoyée. Voulez-vous que j’appelle Rose, entre domestiques, elle se font des confidences.

— Si cela ne vous dérange pas, Madame ?

— C’est facile.

Mme Pradon sonna la jeune fille.

— Rose, Madame que voici, désire que vous lui parliez de Marie Podel.

— Elle est chez Madame ? Madame a de la chance, c’eet une si douce personne et qui sait bien vous parler. Elle m’a fait aimer le bon Dieu, cette femme-là ! Je vais à la messe… et au patronage… elle n’était que pour les bonnes sorties, qui élevaient l’âme, disait-elle.

Mme Rougeard écoutait en hochant affirmativement la tête. Évidemment, ces paroles ne lui apprenaient rien.

Rose poursuivit :

— Aussi quand Vincente m’a dit qu’elle était partie subitement de chez Mme Dutoit où je l’avais fait entrer, j’en ai été bien surprise, cela m’a même peinée.

Mme Rougeard intervint vivement.

— Ah ! elle était placée chez cette dame avant de venir chez moi ?

— Oui. Je puis donner l’adresse à Madame. Je ne sais pas ce qui s’est passé, c’est un tour incompréhensible qu’elle a joué là, et cependant Vincente n’avait pas l’air trop fâchée.

— Quel tour ?

— Il paraît qu’elle est partie avant un dîner que