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sions, mais incapable de se donner elle-même une direction déterminée et durable. Il était redevable de la culture de son esprit à cette nation, qu’il pouvait regarder comme la première de toutes ; il devait donc nécessairement porter sur tout le reste du genre humain le même jugement que sur cette nation. Il n’avait aucun pressentiment d’une destination plus relevée de l’homme : d’où l’aurait-il reçu, puisqu’il ne l’aurait puisé ni dans d’heureuses habitudes de la jeunesse comme Français, ni dans les notions claires qu’auraient pu lui fournir plus tard la philosophie ou le christianisme ? Pour parvenir à la connaissance exacte et parfaite des qualités propres à la nation sur laquelle il élevait son pouvoir dominateur, il avait comme point de départ sa naissance chez un peuple énergique, une volonté trempée, fortifiée et rendue inébranlable par des combats soutenus avec constance et dissimulation contre tous les alentours de la jeunesse. Avec ces éléments de grandeur, cette lucidité calme et cette volonté ferme, il eût été le bienfaiteur et le libérateur de l’humanité, si le moindre sentiment de la destination morale du genre humain eût vivifié son esprit. Mais il n’eut jamais ce sentiment, et il est pour tous les siècles un exemple de ce que ces deux principes peuvent produire s’ils restent isolés de la morale. Il se créa