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ne peut point être considéré d’après un principe aussi simple que les autres.

C’est par la résistance à leurs ennemis que ceux qui n’avaient pas suivi les Franks commencèrent à avoir une idée vague d’eux-mêmes comme composant une famille : en distinguant ceux qui avaient émigré, ils se regardèrent comme Allemands appartenant à une race. L’idée d’unité leur vint du dehors ; dans l’intérieur ils conservèrent leur indépendance les uns des autres.

Cependant le christianisme parvint jusqu’à eux, et avec lui les lettres et quelques améliorations de la vie, mais remarquez bien toujours pour l’individu. L’homme, la personne, la famille, étaient formés, mais il n’y avait point de citoyen : les biens sans aucun droit du citoyen étaient le partage des hommes libres. L’empire établit bien un lien entre eux, mais un lien extrêmement relâché. Dans des provinces isolées on fut entraîné par quelques princes à des combats contre les Wendes ou les Slaves du voisinage ; mais jamais il n’y eut d’action ni d’histoire communes, ni aucune entreprise de ce genre. Il y avait tout au plus unité de langue et de race, mais jamais unité d’histoire et de peuple. Cette division se consolida par l’indépendance des princes. De là résultèrent plusieurs peuples ennemis les uns des autres, des ennemis jurés retenus seulement