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La prolongation du combat est toujours ruineuse pour la propriété, le bien le plus précieux après la vie ; elle met en danger la vie même et la santé, qui sont les plus grands de tous les biens. On doit donc, par tous les moyens possibles, chercher à en abréger la durée : tel est le premier devoir de tout homme sensé, une fois que la guerre est déclarée. Si, d’après les données historiques, il est possible de prévoir de quel côté tournera la victoire, ou si l’issue de la première bataille le démontre, on ne doit pas appuyer la résistance inopportune de celui qui sera vaincu. Tous n’ont plus qu’à s’entendre, à livrer les forteresses, à tout dénoncer à l’ennemi ; les guerriers doivent jeter leurs armes et se rendre : de l’autre côté la solde est aussi bonne.

Voilà ce qui se passe dans l’âme d’un possesseur éclairé, affranchi des préjugés, et qui connaît la valeur des choses. Ces préjugés des siècles barbares, l’institution divine des rois, la sainteté du serment, l’honneur national, ne sont rien pour celui qui saisit clairement des propositions aussi simples que celle-ci : la vie est en première ligne, viennent ensuite les biens ; l’état enfin occupe le troisième rang.

Les meilleurs amis du prince doivent même en agir ainsi : bien loin d’être nuisible, cette con-