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de respecter les propriétés particulières ; on ne prend que celles de l’état, c’est-à-dire celles de la famille régnante : le bourgeois n’y perd rien ; il y gagne, au contraire, si cette propriété de l’état reste à son défenseur, dont la personne, qui lui importe peu, est seulement changée. Que devrait-il donc faire de plus ? S’exposera-t-il au danger de perdre quelque membre, ou même la vie ? On ne vit qu’une fois, la vie est le bien suprême : avec quoi pourrait-on lui payer sa vie ou ses membres ? Abandonnera-t-il sa propriété, son industrie ? Non, il ne peut s’en éloigner d’un seul pas, car il n’est rien de tel que l’œil du maître. Sa propriété et son industrie pourraient se perdre, elles seules donnent du prix à son existence, et sans elles sa vie serait trop misérable. Elles sont intimement liées à l’existence, et le maître doit rester là où elles sont situées.

Aussitôt que l’ennemi, non le sien, mais celui de son précédent souverain, s’est emparé du lieu de la résidence et en a chassé les mercenaires de son adversaire : tout rentre dans l’ordre accoutumé ; son avoir est assuré, et, comme par le passé, il s’occupe tranquillement de ses affaires. Le seul moment dangereux est celui où tout est encore indécis, car tout combat est funeste pour la propriété ; pendant ce moment, le calme est le