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monarques ne nous rendraient pourtant pas libres. Ne crois pas cela, cher lecteur. Jusqu’à présent l’humanité est bien en arrière pour tout ce qui lui est nécessaire ; mais si tout ne contribue pas à me tromper, je crois que nous sommes arrivés au moment où commence à poindre l’aurore de ce jour qui brillera plus tard. Les sages sont encore pour la plupart les guides aveugles d’un peuple d’aveugles ; et les souverains doivent en savoir davantage. Ils ont été presque tous élevés dans la paresse et l’ignorance ; s’ils apprennent d’abord quelques vérités préparées pour eux, ils ne travaillent plus ensuite à leur éducation ; lorsqu’ils arrivent au pouvoir ils ne lisent plus d’ouvrages nouveaux à l’exception de quelques rapsodies insipides ; aussi, pendant qu’ils règnent ils sont toujours en arrière de leur siècle. Après avoir pris beaucoup de mesures contre la liberté de la pensée, après avoir livré des combats dans lesquels des milliers d’hommes s’entredétruisent, ils se préparent au repos et croient que leur règne a été agréable à Dieu et aux hommes. Il ne suffit pas de parler ; qui pourrait crier assez fort pour faire parvenir sa voix à leurs oreilles, pour pénétrer jusqu’à leurs cœurs au travers de leur intelligence ? Il faut faire, il faut des actions. Peuples, soyez justes, et vos princes ne pourront résister, ils ne pourront persister à être seuls injustes…. »