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absolu, qui, régnant souverainement sur tous les penchants et sur toutes les passions, procure à l’ame une tranquillité et un parfait équilibre : une telle théorie lui avait manqué jusque là, tandis qu’il s’y sentait porté par son caractère. La philosophie kantienne, en réduisant la connaissance du monde extérieur à une simple apparence, et ne laissant subsister pour toute réalité que la liberté du moi, amena Fichte à faire de cette idée, non seulement le principe de sa morale, mais le centre même de toute sa philosophie. Aussi il écrivait à cette époque : « Je crois maintenant de tout mon cœur à la liberté de l’homme, et je comprends fort bien à présent que c’est sous cette condition seulement que la vertu est quelque chose et qu’une morale est possible. J’ai acquis la conviction que la doctrine de la nécessité de toutes les actions humaines ne peut être que funeste à la société, et que l’immoralité de ce qu’on appelle les classes supérieures découle en grande partie de cette source. Je suis de plus convaincu que nous ne sommes pas ici-bas pour jouir, mais pour travailler et prendre de la peine, que les plaisirs sont destinés à nous fortifier pour des peines nouvelles, que le bonheur ne doit point être le but de nos efforts, mais bien le développement de nos facultés. »

En 1791 il fut obligé d’accepter une place d’ins-