Page:Feydeau - Un monsieur qui est condamné à mort, monologue, 1899.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sous… Il n’y avait pas là de quoi fouetter un chat, n’est-ce pas ? Ah ! bien, ce que ça a fait un potin… ! Un inspecteur arrive, le conducteur déclare que j’ai voulu l’acheter à prix d’or… — pour six sous, je vous demande un peu. — on dresse procès-verbal contre moi… « tentative de corruption ! » l’inspecteur félicite le conducteur pour son intégrité… sa noble conduite, est-ce que je sais moi, et voilà un homme qui va avoir de l’avancement… parce je lui ai offert six sous en lui disant : « Vous arrêterez un peu avant le Palais de Justice ! » C’est dégoûtant ! Eh bien ! Vous croyez peut-être qu’ils m’ont laissé descendre devant chez ma tante. Ah ! bien oui ! ils m’ont dit : « Vous irez l’attendre au dépôt, votre tante. »

Et v’lan ! on me conduit chez le juge d’instruction qui avant même que j’aie ouvert la bouche me dit : « Inutile de nier, je sais tout ! Vous avez assassiné votre tante par une nuit de lune, et vous lui avez coupé la mamelle gauche ! » Non ! vous voyez ma tête ?

« Et maintenant me dit le Juge, vous allez nous dire comment vous l’avez assassinée, votre tante ?

— Oh ! c’est trop fort, mais je ne la connais pas, cette femme.

— Vous ne connaissez pas votre tante ?

— Ma tante ! mais ça n’est pas ma tante.

— Comment savez-vous que ce n’est pas votre tante,