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Marcassol.

— Si j’en ai ! j’en suis criblé ! dis que j’en suis criblé ! j’ai un caractère impossible.

Clarisse. — Il pourrait être meilleur…

Marcassol.

— Quand je m’emporte, je suis très dangereux… hier, j’ai presque étranglé Jenny quand elle a renversé le fromage à la crème dans mon gilet !…

Clarisse. — Oh ! pour cela !… tu es rageur !… mais est-ce qu’on ne se fait pas à tout ?…

Marcassol, à part. — Qu’est-ce qu’elle dit ?…

Clarisse. — Eh bien ! je me suis faite à tout cela ! et comme j’ai compris bien vite que je ne rencontrerais jamais mon idéal, j’ai pris le parti le plus simple ! c’est de m’en tenir à toi !

Marcassol.

— Comment de t’en tenir à moi ?

Clarisse. — Eh bien, oui ! je te le sacrifie !

Marcassol, bondissant. — Hein !… tu veux… (à part.) Ah bien ! il ne manquerait plus que cela !… (haut) mais je ne veux pas que tu me sacrifies ton idéal !… tu n’en as pas le droit !… enfin il a été entendu que tu le chercherais !…

Clarisse. — Je ne le trouverais pas !

Marcassol.

— Zizi peut reparaître !…

Clarisse. — Eh ! il serait déjà revenu !

Marcassol.

— Tu peux en trouver un autre !

Clarisse. — Ce serait trop difficile ! et puis je te dis que je me contente de toi ! allons ! je cours faire monter tes pantoufles ! c’est du quarante-quatre, n’est-ce pas ?…

Marcassol.

— Cinq !… mais encore une fois…

Clarisse. — Je me contente de toi ! Au revoir ! (Elle sort par le fond.)


Scène VI

Marcassol, seul, très agité. — Elle se contente de moi… Ah bien ! que le diable l’emporte ! Me voilà bien, moi !… il n’y a pas à dire, je suis rivé… condamné à perpétuité ! Car enfin, du moment qu’elle renonce à chercher !… (Avec accablement.) Ah ! si je m’attendais à celle-là, par exemple !