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arrivé… notre singe… (haut) Mon Dieu, Monsieur, je n’ai rien vu… mais je vais le chercher…

Marcassol.

— C’est cela ! Bonjour Jean !…

(Jean sort.)


Scène IV

Marcassol, seul

Voyons ! (parcourant la lettre) Allons bon (lisant) « Impossible de vous recevoir aujourd’hui comme c’était convenu. Le singe a des soupçons et comme c’est un tigre ». (parlé) Le singe, un tigre ?… C’est un métis alors ! (lisant) « il ne me quittera pas de la journée. S’il me laisse un moment, j’irai vous voir sous le prétexte habituel. (parlé) Oui les cheminées qui fument ! ce que nous les faisons fumer, ces cheminées ! (embrassant la lettre) Ah ! quelle femme ! quand je la compare à la mienne ! (s’asseyant) et dire pourtant que je l’ai épousée par amour ! oui ! il y a un an ! j’avais toujours rêvé une femme originale, capricieuse, fantasque, enfin je ne voulais pas la femme de tout le monde. Clarisse avait été élevée à la diable, elle s’était sauvée de sept couvents, on n’en disait que du mal ! je me dis : voilà mon affaire ! Elle me refusa dix-neuf fois ! mais je m’étais juré d’aller jusqu’à vingt, parce que dix-neuf ce n’est pas un nombre. A la vingtième ! » Vous tenez absolument à m’épouser, me dit-elle, soit, mais provisoirement ! « — Provisoirement ? » C’est ma condition ! Vous ne m’êtes pas antipathique, mais vous n’avez aucun rapport avec le mari que j’avais rêvé. Eh bien ! si je le rencontre jamais, nous divorcerons et je l’épouse." Tout le monde aurait refusé !… J’acceptai tout de suite ! Je l’aimais tant, je croyais si bien avoir trouvé la femme qu’il me fallait ! Ah bien oui ! le mariage l’a transformée ! J’avais épousé un diable,… maintenant c’est un mouton, un pot-au-feu !… Et voilà un an que cela dure ! je commence à trouver qu’elle pourrait s’occuper un peu de chercher l’homme de ses rêves ! Il se fait trop attendre celui-là… et il est temps que je le lui rappelle…