que cela regarde.
Cora. — Comment, je n’ai pas le droit de lire mes lettres ?
Roger. — Permettez… pas avant que je n’en aie pris connaissance…
Cora. — Oh ! mais, je ne suis pas habituée à cela, vous savez… En Amérique…
Roger. — Je vous en prie, ma chère… L’Amérique n’a rien à faire dans tout ceci. Dorénavant Joseph devra m’apporter toutes les lettres qui vous seront adressées. (Il prend une des lettres et l’ouvre… Cora pousse un soupir… Moment de silence.)
Roger, après avoir lu la lettre, la lui tendant avec une colère retenue. — Pourriez-vous me dire, madame, ce que signifie cette lettre ?
Cora. — Oh ! mon ami, est-ce que vous seriez jaloux ? Fi ! ce sentiment est du dernier vulgaire !
Roger, brusquement : — Je ne suis pas jaloux… je me rends compte seulement… Voyons Madame, je vous prie de me dire quel est ce monsieur de Brindargent qui vous invite à souper chez Brébant… Est-ce que vous croyez que je vous permettrai…
Cora, riant, — De quoi vous mettez-vous en peine !… Monsieur de Brindargent est mon cousin.
Roger, incrédule. — Ah !… Et c’est votre cousin qui vous écrit : "ma jolie poulette…"
Cora. — Mais oui… où est le mal ?
Roger. — Il y en a beaucoup… On ne doit pas avoir de cousins qui vous écrivent : "ma jolie poulette…" C’est très grave, tout ce qu’il y a de plus grave et je ne veux pas que vous ayez des cousins comme cela… vous m’entendez !… (avec dépit) "ma jolie poulette…"
(Il hausse les épaules.)
Cora. — Ah ! mais, monsieur, c’est de la tyrannie !
Roger, sentencieusement. — La femme doit obéissance à son mari… c’est dans le code.
Cora. — Dans le code Français, c’est possible… mais en Amérique…
Roger. — Encore l’Amérique ?
Cora, à part. — Oh ! mais il commence à m’agacer.
Roger, lisant une autre lettre. — Allons bon ! des vers à présent ! (à haute voix.) :
"L’autre jour vous m’avez souri
Tout en m’achetant une table