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Robert ! il faut toujours en passer par ses volontés.

Robert. — Oh ! l’obéissance n’est pas bien pénible. D’ailleurs j’ai toujours obéi facilement, ici. Et pourtant, ça n’est pas dans mon caractère une somnambule m’a prédit autrefois que je serais un grand révolutionnaire ! Ainsi !… Mais ce n’est pas tout cela, il faut bien, vous soigner, je vous le répète, monsieur René… ces bobos-là, ce n’est rien, mais quand on n’y prend pas garde, que l’on fait des imprudences, ils n’en finissent pas !… J’ai eu une chose à peu près comme ça, moi, un mal blanc qui a dégénéré en panaris… parce que je n’y avais pas pris garde. Eh bien, vous voyez ; ça serait très désagréable, si votre mal allait empirer et cela ferait beaucoup de peine à Madame… et à Mademoiselle Germaine… et à moi aussi. Hein ? oui ! à moi, vous ne croyez pas, dites, monsieur René ?… (Pendant cette scène René s’est affaibli petit à petit et il a succombé sans un mouvement ; la tête est appuyée sur l’oreiller, dans la même position. Robert le touchant à l’épaule.) Monsieur René ! Eh bien ? vous ne répondez pas ! (il prend sa main qui retombe, morte.) Oh ! mon Dieu ! Qu’est-ce qu’il a ? (Il pose son oreille contre sa poitrine et pousse un grand cri en reculant, en arrière.) Ah ! mort ! mort ! mort ! (Il court comme un fou vers la porte par laquelle sont sorties Madame de Sorges et Germaine ! criant !) Madame… Mademoiselle, (puis, après réflexion) Non, non C’est un coup qui les tuerait !


Scène XII

Les mêmes, Madame de Sorges, Germaine.

Germaine, une tasse à la main. — Quoi ? Qu’y a-t-il ?

Madame de Sorges. — Tu as appelé ?

Robert, s’efforçant de paraître calme. — Moi ! non, non !

Madame de Sorges. — Cependant !

Robert, montrant René et mettant le doigt sur ses lèvres. — Chut ! chut ! il dort !

(Madame de Sorges gagne le fond en marchant