Balivet. — Femme de chambre !
Veauluisant. — Oui, vous allez me recoudre la boucle de mon pantalon : en mettant mes bottines qui ne voulaient pas entrer… j’ai tiré… j’ai fait : "Ouf ! " et ma boucle a craqué.
Balivet (à part). — Comment, il va falloir recoudre maintenant ?
Veauluisant. — Tenez ! là ! sur la cheminée ! vous trouverez des aiguilles et du fil…
Balivet (ahuri). — Ah ! je trouverai ! (à part) Diable ! Diable ! Diable ! Diable ! Diable ! Tenez ! prenez-moi donc le petit ! ne le remuez pas trop ! car il dort ! (p. 2 à la cheminée)
Veauluisant (prend l’enfant). — Il ronfle même ! quelle précocité ! Ah ! ce sera un grand homme ! Eh bien ! trouvez-vous ?
Balivet (cherchant à enfiler son aiguille) - Oui, voilà… seulement c’est pour enfiler : je vois double et je mets entre…
Veauluisant (prenant le fil et l’aiguille, donne l’enfant) - Allons ! donnez-moi ça ! Cela me connaît ! Ah ! mon Dieu ! Qu’est-ce qu’il est donc arrivé à votre robe ?
Balivet (à part, avec l’enfant) - Sapristi ! (haut) Oui, vous voyez… c’est ma robe…
Veauluisant. — Parbleu ! je le vois bien que c’est votre robe ! mais cela ne m’explique pas…
Balivet. — Qu’il en manque une partie ? Eh bien !… Voilà ! j’ai rencontré un pauvre qui demandait l’aumône… peu vêtu… alors, j’ai fait comme saint Martin, je lui ai donné la moitié de ma robe…
Veauluisant. — Oui ! il s’en fera un caleçon !… Ah ! tenez ! voilà votre aiguille ! (s’assied à gauche) Maintenant, recousez-moi cela… (reprenant l’enfant).
Balivet. — Cela serait plus commode si vous étiez debout.
Veauluisant. — Ah ! c’est que le petit m’éreinte les bras.
Balivet. — Après tout, cela m’est égal. (Il coud la boucle).
Veauluisant (assis). — Bien fort, n’est-ce pas ? Cela craque tout le temps ! Aïe ! vous me piquez !
Balivet. — Ne faites pas attention ! c’est la pointe !
Veauluisant. — Ne faites pas attention ! ne faites pas