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(Il a gagné le fond et se dispose à sortir, entre Médard.)

Médard (venant de la cuisine, une bouillotte à la main). — Elle !… (haut) mam’zelle ! mam’zelle

Balivet. — Quoi ?

Médard. — Rien !… j’ose pas !

Balivet. — Eh bien ! alors ! fichez-moi la paix ! (sort, fond vers la gauche en berçant l’enfant) Do ! Do ! l’enfant do !…


Scène XII

Médard, voix de Veauluisant

Médard. — Eh bien ! voilà ! j’ai pas osé ! je m’étais dit : j’oserai, en versant mon eau chaude… j’ai pas osé…

Voix de Veauluisant (à part). — Médard !

Médard. — Voilà, Monsieur ! Ah ! quelle femme ! Voilà une vraie femme !… C’est solide ! c’est ferme ! un vrai marbre ! en bois ! et ses pieds, donc !

Voix de Veauluisant. — Médard !… mon eau chaude !

Médard. — Voilà, Monsieur ! Vous n’avez pas vu ses pieds… à dormir debout ! Elle ne peut pas tomber ! Elle est cent fois mieux que Justine et si j’osais lui parler… ce n’est pas elle qui m’enverrait promener.

Veauluisant (entrant de droite ; il est en manches, avec une serviette au cou). — Eh bien ! cette eau chaude ?

Médard (continuant sans répondre à Veauluisant). — Ce n’est pas elle qui me dirait…

Veauluisant. — Eh, bien ?

Médard (tendant la bouillotte sans se retourner). — Allez vous coucher !

Veauluisant. — Comment ? que j’aille me coucher ?

Médard. — Ah ! pardon ! ce n’est pas à vous que je parle.

Veauluisant. — J’aime à le croire ! (il rentre avec la bouillotte dans la chambre).

Médard. — Ah ! je veux !… Tiens ! qu’est-ce que j’ai donc fait de mon eau chaude ? Ah ! c’est vrai, je l’ai donnée à monsieur ! ah ! cette femme me fait perdre la tête ! (gagne la gauche)