Balivet. — Ah ! vous savez, de Paris à Courbevoie…
Veauluisant. — Comment, de Paris ?… De Mâcon, vous voulez dire…
Balivet. — De Mâcon ? Ah ! oui - oui - je ne comprends pas du tout ce qu’il veut dire… Enfin ! il paraît que je tombe à propos…
Veauluisant. — Dites donc - Vous ne voulez pas vous rafraîchir… prendre un réconfortant. — Vous êtes pâlotte.
Balivet. — Ma foi, ca n’est pas de refus.
Veauluisant. — C’est ça, Médard : un verre d’eau sucrée, avec de l’eau de mélisse. Tu en trouveras sur ma toilette.
Médard. — J’y cours. (A part.) Mâtin, un beau brin de fille ! (Il sort par la droite, premier plan, emportant son fusil.)
Balivet. — Ils sont très aimables tous ces gens là. C’est une bonne idée que j’ai eue de me mettre en nourrice… pendant ce temps-là… mes vêtements sèchent.
Veauluisant. — Hein ? Elle est très bien, cette nourrice.
Justine. — C’est-à-dire que vous n’en trouverez pas deux comme ça.
Médard (rentre). Voilà, Monsieur ! — (à part) je n’ai pas trouvé l’eau de mélisse. J’ai mis de l’eau de Cologne, avec beaucoup de sucre, ça fera le même effet, et puis ça la parfumera.
Veauluisant. — Tenez, buvez-moi ça ! — Eh bien, c’est bon ?…
Balivet. — Pas mauvais… mais elle a un goût bizarre, vous savez, il faut s’y habituer.
Veauluisant. — Ah ! c’est de l’eau de mélisse, qu’on fabrique exprès pour moi.
Balivet - Ça se voit.
Scène VIII
Les mêmes, Adèle (de droite)
Adèle. — Mon ami…
Veauluisant. — Ah ! Adèle ! c’est la nourrice…