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Scène III

Veauluisant, Adèle, Justine

Veauluisant, très digne. — Justine, nous avons tenu, ma femme et moi, à avoir une dernière conférence avec vous… (A Adèle.) Asseyez-vous. (Justine s’assied.) Pas vous, un domestique ne doit s’asseoir devant ses maîtres que debout.

Adèle. — C’est le seul siège qui lui soit permis.

Justine. — Eh bien, alors, pourquoi me dites vous de m’asseoir ?

Veauluisant. — Eh ! ce n’est pas à vous, c’est à Adèle !

Justine. — Ah ! c’est à Adèle ? Oh ! pardon !

Veauluisant. — Justine ! vos nombreux libertinages…

Justine. — Ah ! mais, dites donc…

Adèle. — Gaze ! mon ami ! gaze…

Veauluisant. — Tu as raison. (A Justine.) Vos nombreux libertinages nous ont mis dans la pénible nécessité, comme nous vous l’avons dit, de vous chercher une remplaçante…

Justine. — Ah ! bien ! en voilà une qui va rigoler !… Si vous croyez que c’est agréable de vivre avec votre môme.

Adèle. — Môme, Nestor !

Veauluisant. — Osez-vous parler ainsi du dernier des Veauluisant ?

Adèle. — Dernier ! Oh Anatole ! Ce n’est pas gentil ce que tu dis là. Tu m’avais promis.

Veauluisant. — Tu crois ? C’est drôle, je ne me rappelle pas du tout… Enfin, j’ai dû mettre cela sur mon carnet. Mais n’importe, nous avons donc cherché une autre nourrice. Ce n’était pas facile, car ce que nous cherchons avant tout, c’est une nourrice qui eût des principes religieux et des mœurs - les principes religieux, passe encore - mais les mœurs…

Justine. — Eh bien quoi ? Tout le monde en a, des mœurs ! J’en ai aussi, moi !

Veauluisant. — Je ne dis pas le contraire… Seulement, elles sont mauvaises…

Justine. — Ah ! s’il vous en faut des bonnes !

Adèle. — Irréprochables !