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Justine. — Tiens, il ne s’embêterait pas.

Médard. — Oui, mais enfin, c’est pour le petit Nestor - Nestor ! a-t-on idée d’appeler son fils comme ça !

Justine. — Monsieur prétend que c’est pour qu’il soit sage de bonne heure. Ah ! en voilà un qu’il aurait bien dû laisser dans son chou, il vous donne un tintouin… il faut rincer du matin au soir. Si encore on avait quelques compensations ! A Paris, ça pourrait aller… mais à Courbevoie…

Médard. — Mon Dieu ! je reconnais que Courbevoie n’est pas du dernier follichon… ça ne vaut pas la Reine Blanche… mais c’est très distingué.

Justine. — Oh ! oui… un trou ! aussi c’est de votre faute à vous, si nous avons quitté Paris… Pourquoi avez-vous été raconter à Monsieur que vous aviez vu un pompier dans ma chambre ?

Médard. — Pourquoi ? Mais par jalousie ! Vous savez bien que je me consume pour vous !

Justine (à part.) - Vraiment !

Médard. — Voyons, pourquoi recevez-vous des pompiers ?

Justine. — D’abord, il était médaillé - et puis c’est pour me rappeler mon mari qui est pompier dans son village

Médard. — Oh ! alors, si c’est par amour conjugal - je vous passe le pompier - mais il n’est pas seul : Monsieur vous a rencontré avec un jeune homme au Luxembourg. Vous n’allez pas me dire que c’est un pompier, celui-là - comme votre mari.

Justine. — Non, mais il me le rappelait tout de même, à cause de son sexe.

Médard. — Son sexe - son sexe - mais j’en suis aussi - vous auriez pu penser à moi, alors… Enfin ? qu’est-ce que c’était que ce jeune homme ?

Justine. — Vous dire son nom ! je ne compromets jamais les hommes ! C’était un nommé Balivet, un clerc de notaire.

Médard. — Et il vous aime…

Justine. — S’il m’aime ! je ne peux pas m’en débarrasser… Je le retrouve partout ! Mais du reste, qu’est-ce que ça vous fait ?

Médard. — Qu’est-ce que ça me fait ? Ah ! on voit bien que vous ne me connaissez pas : je suis Corse, moi !

Justine. — Vous ?