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Trémollet, bas, à Marcassol. — Vous venez voir comment ça va ici, hein ? Eh bien ! pas encore de nuages, toujours beau-fixe ?

Marcassol, grincheux. — Est-ce que je sais ? Je ne suis pas de l’observatoire.

Jenny, apportant un plat. — Madame est servie.

Edgard. — Allons à table !

(Marcassol va pour s’asseoir en face de Clarisse)

Edgard, très aimable. — Pardon, c’est ma place.

Marcassol — Comment ; c’est sa place ?

Jenny.

— Ben oui, c’est sa place, voyons !

Edgard. — Mais naturellement, en face de ma femme ! N’est-ce pas… M. Trémollet ?

Trémollet.

— Mon Dieu, moi j’aurais vu plutôt Monsieur Marcassol en face et monsieur Edgard à côté de madame.

Marcassol.

— Il a raison… il a raison…

Trémollet.

— N’est-ce pas… deux fiancés ! il vaut mieux les mettre à côté l’un de l’autre… ça favorise les épanchements.

Marcassol.

— Hein ?

Edgard. — Tiens ! mais c’est vrai !

Marcassol.

— Permettez… si c’est pour…

Trémollet.

— Mais naturellement, c’est pour… (chantant, d’un air faux) quand les canards vont deux par deux c’est qu’ils ont à causer entre eux.

Marcassol, à part. — Imbécile !

Clarisse. — Allons, Monsieur Marcassol, dans ce cas-là, en face de moi ! Vous ne nous en voulez pas ? Ce n’est pas trés correct, n’est-ce pas ?

Edgard. — Mais deux amoureux !

Marcassol, à part. — J’ai eu tort d’accepter à déjeuner.

Jenny, servant. — Tourne-dos à la moëlle !

Clarisse, à Marcassol. — Ah ! ça, c’est pour vous ! je me suis rappelé votre faible

Marcassol.

— Je vous remercie, je n’ai pas faim.

Clarisse. — Oh ! Ce n’est pas gentil !

Edgard. — Voyons, Ça ne se garde pas !

Marcassol.

— Merci.

Edgard. — Oh ! bien ! Je ne suis pas comme vous ! J’en prendrai deux.

Marcassol, à part. — Quel goinfre…

Edgard. — Et toi, mon chou ?

Trémollet, donnant un coup de coude à Marcas-