Edgard. — Ah ! vous êtes pour la soie, vous ?
— Eh bien ! quoi donc ? du calicot !
Edgard. — J’aimerais mieux le satin ! Et vous, garçon ? (Marcassol ne répond pas.)
— Eh ! garçon ?
— Pardon ! C’est à moi ?
Edgard. — Eh bien ! oui, est-ce que vous n’êtes pas garçon d’honneur ?
— Eh bien ! on le dit ! on ne crie pas : « garçon » !
Edgard. — Voyons, qu’est-ce que vous pensez de ça ?
Marcassol, regardant. — Qu’est-ce que c’est ? C’est pour des chemises ?
Clarisse. — Mais non, pour la robe !
— Pour la robe ! du blanc !
Edgard. — Dame !
— Permettez, je m’y oppose ! je ne veux pas de blanc !
Edgard. — Comment ?
— C’est blessant pour ma dignité.
Edgard. — Enfin, il n’y a que les veuves qui se marient en couleur.
— D’accord ! mais aussi il n’y a que les jeunes filles… Jeanne d’Arc, qui se marient en blanc…
Clarisse. — Eh bien ! mon ami.
— Vous me dites. « Eh bien ?… » Ah ! Clarisse, tu es ingrate. Mais alors, je ne compte donc pas ? Vous me supprimez ! vous m’annihilez ! Eh bien ! non ! je ne veux pas de blanc, vous prendrez du bleu… du rose… du vert…
— Du jaune !
— C’est cela, du jaune serin !
Edgard. — Mais pas du tout ! pas du tout ! je tiens au blanc ! La couleur prêterait aux commérages !
Clarisse. — Oui, oui, Edgard a raison.
— Mais alors c’est une flouerie !
— C’te bêtise ! je te demande un peu : si je me mariais est-ce que je ne me mettrais pas en blanc tout de même ? Eh bien ! alors ! Clarisse. — Allons, nous optons pour le blanc. (à
) Portez tous ces paquets dans ma chambre. (Jenny sort.) Ah ! que vous êtes aimable de nous avoir donné votre avis ! Je vous avoue que nous étions fort embarrassés.