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Scène III

Les mêmes, Edgard.

Jenny.

— C’est égal, j’en suis pour ce que j’ai dit. (Apercevant Edgard.) Ah ! voilà monsieur !

Edgard, tenue très élégante, fleur à la boutonnière. — Tiens Marcassol ! à Paris ?

Marcassol.

— Oh ! jusqu’à demain seulement.

Edgard. — Ah ! ce bon, ce cher Marcassol, que vous êtes aimable d’être venu ! Clarisse va être enchantée !

Marcassol.

— Clarisse ! comment Clarisse ?

Edgard. — Dame, ma femme !

Marcassol.

— Ma femme !

Edgard.— Non ! ma femme !…

Marcassol.

— Ma femme, votre femme ?…

Edgard.— Ah ! permettez, elle n’est plus à vous !…

Marcassol, à part. — Ah ! elle n’est plus… Il a raison !

Edgard.— Ah ! mon ami, quel ange vous m’avez donné-là… C’est une perle ! une perle qui s’est séparée de sa coquille !

Marcassol.

— Comment coquille ?

Edgard. — Oh ! pas vous ! C’est une métaphore ! Ah ! si vous saviez ! Elle a toutes les qualités.

Marcassol.

— Oh ! toutes !

Edgard. — Oui, toutes ! elle est taquine, autoritaire, despote !

Marcassol.

— C’est que c’est vrai !… elle a quelques qualités ! et jalouse !… Si vous saviez !… jalouse !…

Edgard. — Ah ça ! non, elle n’est pas jalouse avec moi !…

Marcassol.

— Ah ! Eh bien, de mon temps, elle l’était joliment !… que voulez-vous ? Elle m’aimait tant !…

Edgard, haussant les épaules. — Vous ?… Oh ! Oh !

Marcassol.

— Quoi ? Oh ! Oh !

Edgard. — Ça n’a jamais été bien chaud chaud !

Marcassol.

— Bien chaud, chaud ! bien chaud chaud ! il est étonnant ma parole ! Vous n’étiez pas là !… Qu’est ce que vous en savez ?

Edgard. — Mais elle me l’a dit parbleu Elle n’a jamais eu pour vous qu’une affection très modérée… tandis que moi…