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n’est plus Monsieur ! Monsieur, c’est monsieur Edgard.

Marcassol.

— Comment, il déjeune ici ?

Jenny.

— Et il dîne, monsieur… Dame, deux fiancés !… ils dînent tête à tête ! Monsieur doit bien savoir ce que c’est ! là-bas à Dieppe, il doit s’en payer aussi des petits dîners tête à tête !

Marcassol.

— Oh ! tête à tête ! tête à tête… tête à tête… à quatre ! Il y a Couldoux.

Jenny.

— Comment la basse… elle vient dîner aussi ?

Marcassol.

— Oui, avec Leconac… tous les soirs ils ont leur couvert mis… La comtesse ne peut pas s’en séparer, et ce n’est pas seulement au dîner, ils sont toujours là.

Jenny.

— Eh bien ! et Monsieur ?

Marcassol.

— Oh ! moi, je n’y suis jamais ! Ils viennent toujours à la marée montante.

Jenny.

— Eh bien !

Marcassol.

— Eh bien ! c’est l’heure où la comtesse m’envoie sur la jetée, pour voir si le Coucou n’entre pas dans le port.

Jenny.

— Le Coucou ?

Marcassol.

— Oui, un navire qu’on attend. Je ne sais même pas en quoi ça peut l’intéresser…

Jenny.

— Un navire ? Et vous donnez là-dedans ? voulez-vous que je vous dise, monsieur, ça me parait louche tout ça !

Marcassol.

— Louche ! Allons donc ! qu’est-ce qu’il y a de louche là-dedans… Ce n’est pas limpide, voilà tout ! (à part) Ça n’est même pas limpide du tout ! Et s’il n’y avait que cela ! J’ai trouvé des petits chapeaux comme Lagaulardière, même une paire de bretelles…

Jenny.

— Dites donc, monsieur, entre nous, il y a de la baisse là-bas.

Marcassol.

— Hein ! Comment donc ! pas du tout ! C’est plus haut que jamais… Je nage dans le bleu au contraire… Je nage, je te dis ! Et puis… Et puis ça ne te regarde pas ! Elle est étonnante. Elle me demande s’il y a de la baisse… il va falloir lui donner la cote à présent !