Commençons par le cuirassier.
Clarisse. — Eh bien, mon ami ?
— Hum ! Hum ! la revue était bien belle, l’an dernier.
Clarisse. — La revue !… Quelle revue ?
— La revue de Longchamp.
Clarisse. — C’est un peu vieux !
— Les belles choses n’ont pas d’âge. Te rappelles-tu ce défilé admirable, avec tous ces casques reluisants, ces armes étincelantes et ces cuirasses, ces cuirasses surtout… Te rappelles-tu ces cuirasses ?…
Clarisse. — Ma foi, c’est un peu vague…
— Ah ! les cuirassiers, quelle belle arme ! Tu n’aimes pas les cuirassiers ?
Clarisse, riant. — Mais, ah çà ! mon ami, qu’est-ce que tu as ? Quelle drôle de conversation !
— Oh ! mon Dieu, je dis ça…
Clarisse. — Voyons, où veux-tu en venir ?
— Eh bien voilà… C’est pour un mariage… Trémollet, qui m’a chargé…
Clarisse. — Monsieur Trémollet ?
— Oui, pour une amie à lui… une aveugle… une pauvre aveugle… qui sort des Sourds-muets… On ne sait comment lui demander son avis… et comme Trémollet sait que tu as du goût…
Clarisse. — Il t’a demandé de me consulter.
— Voilà ! Eh bien… Tu es aveugle et tu sors des Sourds-muets.
Clarisse. — Moi ?
— C’est une supposition… Eh bien, maintenant, choisis !
Clarisse. — Choisis quoi ?
— C’est juste… voici les différents partis qu’on te propose : D’abord celui-ci.
Clarisse. — Un pompier… jamais de la vie !
— Un pompier ! ça, c’est un cuirassier…
Clarisse. — Oh ! c’est la même chose !
— Comment c’est la même chose ?
Clarisse. — Enfin, c’est toujours un soldat.
— Alors tu n’en veux pas ?… Rayons !
Clarisse. — Oh ! mais il faudra toujours consulter l’aveugle.
— C’est inutile. Elle n’y voit pas ! Voyons, que dis-tu de celui-la ?