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Marcassol.

— Hein ! quoi !… mais l’autre ?… il m’a dit qu’il en avait trouvé deux !…

La Comtesse. — Eh bien oui ! un pour la pluie, l’autre pour le beau temps.

Marcassol, avec joie. — Mais oui… c’est évident… et lui qui croyait… Non, mais il est bête !…

La Comtesse. — Hein ! à qui le dites-vous ? Heureusement que vous êtes là, car ce ne serait pas une existence, de vivre éternellement avec le même imbécile…

Marcassol.

— Vous me flattez…

La Comtesse. — Ah ! Toto ! que ne puis-je vous dire : « Vous êtes garçon » ?

Marcassol.

— Mais je vous jure que depuis ma naissance…

La Comtesse. — Mais non ! Vous êtes marié… Toujours la vieille tocade des hommes de prendre des femmes vertueuses pour leur apprendre en somme des choses que nous leur avons apprises.

Marcassol.

— C’est comme cela que les sciences se transmettent.

La Comtesse. — Regardez comme cela aurait été gentil ! Vous libre, nous aurions planté là Lagaulardière ; nous serions partis tous les deux bien loin.

Marcassol.

— Vers une mer inconnue…

La Comtesse. — A Trouville !…

Marcassol.

—Ah ! Taisez-vous !

La Comtesse. — Mais hélas ! il n’y faut pas penser. Je n’ai pas le droit de vous arracher à votre ménage… En somme vous êtes heureux…

Marcassol.

— Heureux, moi ?…

La Comtesse. — Vous avez une femme charmante ! Croyez-moi, restez près d’elle ! Restez à faire votre petit-pot-au-feu, à ravauder vos bas !

Marcassol.

— Moi ?… Ah ! permettez !

La Comtesse. — Enfin, ce serait indigne à vous de ne pas être fidèle !

Marcassol.

— Eh ! laissez-moi tranquille avec votre fidélité ! c’est bon pour les gens du Nord, d’être fidèles ! pour les Esquimaux ! Ah ! si j’étais libre !

La Comtesse. — Ah ! Dame ! Si vous étiez libre, ce serait autre chose ! — Ainsi, tenez, maintenant je vais faire un tour au bois, à cheval… Eh bien ! vous viendriez avec moi ! Tandis que c’est impossible…

Marcassol.

— Impossible ! pourquoi ? mais pas du